Jean-Christophe Ribeyre « Ceux que l’on a enterrés... »

Jeudi 24 août 2023, par Jean-Christophe Ribeyre, Mots Passants

Le petit recueil (par la taille) de Jean-Christophe Ribeyre « Déboutés » pourrait se lire comme un « bréviaire ». Le mot vient du latin « brevis » qui a donné « bref » en français. Bref, oui mais pas dénué d’intérêt, chaque poème est une remise en question de la condition que certains êtres humains imposent à d’autres, au prétexte de leur prétendue supériorité de race, de couleur, de foi, ou de n’importe quoi d’autre. Ainsi cette mémoire que l’auteur s’ingénie à évoquer, avec des phrases courtes, un peu comme des coups de fouets assénés aux bourreaux. Ils ne sont pas nommés, ils ne le méritent pas. Seules les victimes hanteront longtemps encore nos mémoires, nous qui sommes invités à la compassion : « passion » commune, dont l’étymologie même est significative de la condition que vécurent ceux dont il est dit : « à peine s’ils pèsent leur poids de silence et de nuit »...

Ceux que l’on a enterrés
sans prières,
sans nom
sans faire de vagues
Ceux que l’on a comptés,
transférés,
interrogés,
entassés,
accusés,
C’est à peine
s’ils avaient un corps,
à peine
s’ils pèsent leur poids
de silence et de nuit.

Jean-Christophe Ribeyre

Publié avec l’aimable autorisation des Éditions Henry et de l’auteur.

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