Maram Al Masri « Elle va nue la liberté »

Mardi 2 novembre 2021, par Mots Passants

Publiée par les éditions « Bruno Doucey », Maram Al Masri est une exilée syrienne qui nourrit chaque jour son espoir sur YouTube et Facebook ; son espoir, et son désespoir bien sûr, de voir un jour son pays sortir de l’enfer.
Muriel Szac, qui fait très souvent les commentaires des livres édités, laisse en deuxième de couverture un témoignage qui vaut toutes les logorrhées.
Alors place au poème...


ELLE VA NUE LA LIBERTÉ

Nous, les exilés
qui vivons à coups de calmants.
Notre patrie est devenue Facebook
cela nous ouvre le ciel
fermé devant nos visages
aux frontières.

Nous, les exilés
nous dormons en serrant contre nous
notre téléphone mobile.
Sous les lumières
des écrans de nos ordinateurs
nous nous assoupissons pleins de tristesse
et nous réveillons pleins d’espoir ;

Nous les exilés,
rôdons autour de nos maisons lointaines
comme les amoureuses rôdent
autour des prisons,
espérant apercevoir l’ombre
des leurs amants.

Nous, les exilés, nous sommes malades
d’une maladie incurable

Aimer une patrie
mise à mort.

Maram al-Masri

 

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1 Message

  • Maram Al Masri « Elle va nue la liberté » 14 novembre 2021 18:15, par Nicolas Courbey

    Voilà bien, chantée par la poète, de manière déchirante, la preuve que l’être humain a toujours sa force (même dans sa fragilité) et sa noblesse : ne pas craquer ! Toujours garder espoir, même dans la pire des situations qui soit ! Facebook, l’ordinateur, le mobile, sont plus que des moyens de correspondre, mais de véritables drogues, qui seules rapprochent les exilés, comme Maram al Masri, à leur pays ! L’informatique est ici une longue vue, pour percer les frontières, et retrouver les gens chers, qui pourraient être enfin libérés ! Il n’y a rien en Syrie : pas de pétrole, ni de gaz, simplement la haine hargneuse et sans humanité d’un tyran fou. — les exilés s’endorment pleins de tristesse et se réveillent plein d’espoir (je paraphrase, ici) . On peut faire un parallèle avec Anna Akhmatova qui chante, qui hurle, les lamentations des femmes dont le mari a été envoyé au goulag pendant l’époque stalinienne.

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