Jacquy Gil, l’ami discret

Mercredi 6 octobre 2021, par Mots Passants

Eh oui... je l’avoue : il m’arrive de rencontrer un, voire deux amis. Aujourd’hui il y en a deux : l’homme singulier et le poète non moins singulier. Sa poésie s’inscrit dans une écriture initiatique, quasi mystique, mais immensément reliée à la nature, dont on reconnaît qu’il en est véritablement issu...
Il m’a envoyé trois de ses poèmes en me disant qu’il me laissait le choix ; mais c’était un piège : je n’ai pas pu choisir, alors je vous les livre tous les trois.
Ils sont écrits parmi les centaines qu’il a déjà produits, et posent tous — à leur manière — la question de notre séjour sur Terre. Auteur de nombreux recueils et de quelques prix glanés ici où là, il laisse dans mon cœur des questions essentielles auxquelles je n’ai pas encore pu répondre… À vous de juger !

Jacquy Gil {JPEG}


NE DITES PAS AUX PIERRES

Ne dites pas aux pierres que je suis venu, elles dresseraient quelque enclos à l’endroit où, à leur insu, je les ai questionnées.
Ce serait là les laisser circonscrire mon impuissance à me hisser jusqu’à leur universalité. Or Dieu sait pourtant combien je m’efforce de m’en rapprocher.
Les pierres… Pas un jour sans que je ne me cogne à elles, n’emprunte leurs chemins. Qui voudrait autant les interroger, ne saurait leur vouer une telle errance.
La nuit tombée, j’entends encore mes pas qui résonnent de les avoir trop heurtées.


L’OMBRE DU CAIRN (Recueil inédit)

On n’aborde pas le versant d’une montagne sans l’idée d’une quête.
Or s’il y a un but à atteindre il ne sera pas que minéral, il sera aussi dans la tête. Qu’importe alors le côté où se décidera l’effort – l’adret ou l’ubac – du moment qu’il nous mènera au même questionnement. À savoir qu’il n’y aura pas de victoire, seulement un palier et qui supposera un retour au point de départ.
Il y aura donc là un peu de la voie empruntée par Sisyphe, mais qui ne passera point par une perpétuelle retombée dans l’ignorance, du moins dans celle que la précédente avait laissée. Car ici il n’y a pas d’acquis à perdre, seulement un pas de plus chaque fois à faire.


L’EAU DU CIEL (Poème inédit avril 2021)

L’eau du ciel s’était laissé piéger par la concavité de la pierre... On aurait pu croire qu’une vasque avait été posée là par la main de l’homme et qu’elle était suffisamment profonde pour que les oiseaux viennent s’y baigner, s’y abreuver.
Rien ici, cependant, qui ne ressemble à une œuvre élaborée, réfléchie, – qui soit issue de quelque intervention humaine.
Contenant et contenu procédaient simplement du hasard et sans doute de la nécessité : tout que ce que la nature est capable d’imaginer, de produire elle seule, et qui est propre à satisfaire toutes les exigences du monde.

Jacquy Gil

 

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