Michel Baglin « Jeux de miroirs » (4)

Jeudi 29 juillet 2021, par Mots Passants


JEUX DE MIROIRS

4

S’il était autre vraiment, comme l’est l’amibe ou la lave pétrifiée.
S’il ne craignait le froid ni le chaud et ne peuplait ses nuits de questions taraudantes.
S’il ignorait la soif et la faim et ne rendait grâce chaque matin au soleil renaissant.
S’il était d’une telle altérité qu’il pourrait savoir, lui, ce qu’il fait ici.
Si la beauté ne le faisait trembler.
À la vue de l’océan, si son visage ne s’éclairait
et si les vents divers ne lui vantaient le monde.
S’il n’était ce sédentaire de cœur qui nomadise par l’esprit…
Alors oui, cet autre nous serait étranger, indifférent sans doute.
Mais il est cet alter ego si familier quoi qu’on en dise,
qu’on ne le connaît pas mieux qu’on se connaît soi-même.

— Michel Baglin,
« Jeux de miroirs » 4
paru dans le recueil « Un présent qui s’absente », Bruno Doucey Éditions.

 

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