William Shakespeare « Sonnet 20 »

Mardi 26 avril 2016, par Mots Passants

Nous parlions hier de l’ambivalence des sentiments de Shakespeare ; en voici un exemple, sinon des plus troublants du moins des plus tendres… Pour une compréhension plus complète de l’œuvre du poète, je ne saurais trop vous conseiller l’achat du livre « Les sonnets de Shakespeare » par Jean Fuzier aux Éditions Armand Colin, dans la collection U2.


SONNET 20
(version originale en anglais)

A womans face with natures orne hand painted,
Hast thou the Master Mistris of my passion ;
A romans gentle hart but not acquainted
With shirting change as is false womens fashion ;
And eye more bright then theirs, lesse false in rowling,
Gildind the object where-upon it gazeth ;
A man in hew all Hews in his controwling,
Which steeples mens eyes and womens soules amaseth.
And for a woman wert thou first created,
Till nature as she wrought thee fell a dotinge,
And by addition me of thee defeated.
By adding one thing to my purpose nothing.
But since she prickt thee out for womens pleasure
Mine be thy love and thy loves use their treasure.


Sonnet 20
(traduction en français)

Ton visage est de femme, et par Nature peint,
O de ma passion le maître et la maîtresse ;
De femme est ton doux cœur, quoiqu’il ne sache rien
Des changements soudains qu’on voit à ces traîtresses ;
Ton œil est plus brillant, moins pervers à rouler :
Il dore tout objet auquel il s’abandonne ;
Ton aspect d’homme, auquel obéit ton aspect,
Des hommes ravit l’œil, des femmes l’âme étonne.
Et c’est femme d’abord que Nature te fit,
Mais en te façonnant s’éprit de son ouvrage,
Et par addition de toi me déconfit,
En t’ajoutant un rien à mes fins sans usage :
Armé pour le plaisir des femmes, fais donc mien
Ton amour, et du fruit de ton amour leur bien.

William Shakespeare

 

Donnez-nous votre sentiment sur ce texte, en cliquant sur ce lien :

Réagir à ce texte

ainsi vous rendrez le site plus interactif par vos contributions, merci d’avance.