Tristan Corbière, poète du 29 février

Lundi 29 février 2016, par Mots Passants

Les interruptions ont ceci de bénéfique qu’elles finissent toujours par s’interrompre… Sommeil de l’hiver, flémingite suraigüe, lassitude et jours passés sous la couette ; les excuses ne manquent pas, toutes plus fallacieuses les unes que les autres ! Bref, nous revoilà, animés des meilleures intentions ; nous reprenons ici notre pèlerinage poétique quotidien, et sans oublier que nous avons laissé ce pauvre Tristan Corbière dans la déréliction et l’abandon ! Puisse-t-il nous pardonner ; nous allons pour ce faire reprendre notre chemin avec un chapitre de son recueil « Les Amours Jaunes », intitulé « Sérénade des Sérénades », dont le Livre de Poche nous apprend que c’est une parodie des sérénades d’Opéra, telles que celle de Don Giovanni déguisé en Leporello. Bref, une manière pour Tristan Corbière de se moquer de cette époque et en même temps de mettre en scène sa distance aux sentiments humains, entre dérision et désillusion…


SONNET DE NUIT

Ô croisée ensommeillée,
Dure à mes trente-six morts !
Vitre en diamant, éraillée
Par mes atroces accords !

Herse hérissant rouillée
Tes crocs où je pends et mords !
Oubliette verrouillée
Qui me renfermes… dehors !

Pour toi, Bourreau que j’encense,
L’amour n’est donc que vengeance ?…
Ton balcon : gril à braiser ?…

Ton col : collier de garrotte ?…
Eh bien ! Ouvre, Iscariote,
Ton judas pour un baiser !

Tristan Corbière
(dont on pourrait dire que « ce qui est à Tristan ne l’est pas forcément »... attristant !)

 

Donnez-nous votre sentiment sur ce texte, en cliquant sur ce lien :

Réagir à ce texte

ainsi vous rendrez le site plus interactif par vos contributions, merci d’avance.