Tristan Corbière, poète du15 décembre 2015

Mardi 15 décembre 2015, par Mots Passants

PAUVRE GARÇON (La bête féroce) ;

Lui, qui sifflait si haut, son petit air de tête,
était plat près de moi ; je voyais qu’il cherchait…
Et ne trouvait pas, et… j’aimais le sentir bête,
Ce héros qui n’a pas su trouver qu’il m’aimait.

J’ai fait des ricochets sur mon cœur en tempête.
Il regardait cela… Vraiment, cela l’usait ?…
Quel instrument rétif à jouer, qu’un poète !
J’en ai joué. Vraiment – moi – cela m’amusait.

Est-il mort ?… Ah ! c’était, du reste, un garçon drôle.
Aurait-il donc pris trop au sérieux son rôle,
Sans me le dire… au moins. – Car il est mort, de quoi ?…

Se serait-il laisser fluer de poésie ?…
Serait-il mort de chic, de boire, ou de phtisie ?…
Ou peut-être ; après tout : de rien…
ou bien de Moi.

Tristan Corbière

 

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