Mon cœur est toujours malade,
Malade à cause des hommes de mal.
Ils se glorifient des œuvres des autres ;
De cuivre vil ils fondent des bijoux vagues ;
Ils ne plantent pas, ils déracinent :
Tes yeux ont découvert la voie de la Connaissance.
Penché sur une tombe nouvelle
Je demeure en contemplation.
Ils m’avaient dit : « Aldja est morte ! »
Aldja était fille de noble race !
Je n’ai pas retrouvé son chemin,
Tant mes yeux versaient de larmes.
Ô terre, garde-la, sois-lui douce ;
Elle fut pour moi la bonté même,
Anges, accueillez-la dans votre joie !
« Je suis algérien, c’est un fait de nature. je me suis toujours senti algérien. Cela ne veut pas seulement dire que je suis né en Algérie, sur le versant sud de la vallée de la Soummam, en Kabylie, et qu’un certain paysage est plus émouvant, plus parlant, pour moi, que tout autre, fût-il le plus beau du monde. Qu’en ce lieu j’ai reçu les empreintes primordiales et entendu pour la première fois une mélodie du langage humain qui constitue dans les profondeurs de la mémoire l’archétype de toute musique, de ce que l’Espagne nomme admirablement le chant profond. C’est cela et bien plus ; l’appartenance » ontologique " à un peuple, une communion, une solidarité étroite de destin, et par conséquent une participation totale, à ses épreuves, à sa misère, à son humiliation, à sa gloire secrète d’abord, manifeste ensuite ; à ses espoirs, à sa volonté de survivre comme peuple et de renaître comme nation.
J’était, je suis de ce peuple, comme il est mien.
Jean Amrouche, Rabat, 1958.
Jean Amrouche, poète du 11 décembre
Vendredi 11 décembre 2015, par
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