CHANTS SATIRIQUES
Ah ! si j’avais pu deviner l’avenir
Sur mon front au chiffre funeste !
Mais sur la voie des aventures
Dès longtemps il fallait m’arrêter.
Dans l’opulence elles m’ont ébloui de vaines promesses,
Dès qu’elles ont vu ma gêne elles m’ont abandonné,
Et mon corps s’est usé à suivre leurs mirages.
Avec un couteau elles ont voulu m’égorger,
De mon pays elles ont cherché à m’exiler,
Elles ont donné ma tête en holocauste.
Avec le faucon je volais de conserve,
J’était ivre de liberté.
Planant sur les courants du ciel
Sur l’infini des terres j’étendais mes regards.
Selon mon plaisir je choisissais ma nourriture,
Au gré de mon humeur changeante.
Mais du jour que j’ai connu la chaîne,
Ma santé s’est altérée,
Je n’ai pu passer une nuit sans souci.
Jean Amrouche