Delphine de Vigan « Rien ne s’oppose à la nuit »

Mercredi 25 mars 2015, par Mots Passants

Delphine de Vigan n’en est pas à son premier écrit. Née en 1966, elle devient en 2011 lauréate du prix du roman Fnac, et du prix Renaudot des lycéens. Elle n’hésite pas à poser le problème de l’écriture comme unique moyen de témoigner, mais c’est bien plus qu’une simple narration : c’est une tentative — réussie — de faire revivre avec une acuité peu commune les tenants et aboutissants de cette histoire terrible.

« Rien ne s’oppose à la nuit » est un roman. Mais pas n’importe lequel : construit autour de la vie d’une famille, qui d’une vie somme tout banale va sombrer peu à peu dans l’horreur, par la conjonction de personnages qui sont tous en souffrance, de leur propre fait et du fait des proches qui les unissent. La force qui révèle peu à peu la richesse de ce récit est la difficulté dans laquelle s’est trouvée l’auteure de trouver « les mots pour le dire » ajoutée à l’alternative de dire ou ne pas dire.
L’hameçon avalé est plus douloureux que sa régurgitation dit-on parfois. C’est, me semble-t-il, le constituant majeur de ce livre qui ne se lit pas comme un roman, mais comme un témoignage, ô combien poignant de cette vie brisée comme par le concasseur des événements.
J’y suis entrée difficilement, comme dans un piège de soie tendu par une araignée diabolique, et le temps que je m’en aperçoive, il était trop tard, j’étais moi aussi le témoin torturé de ce drame, ou plutôt de cet enchaînement de drames.
L’écriture devient en l’occurrence le seul et unique moyen de se sortir de cet engrenage terrible, mais il est un chemin particulièrement audacieux et difficile à assumer, tant du point de vue de l’écrivain que de celui du lecteur.

 

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