Umberto Saba, poète du 1 mars 2015

Lundi 2 mars 2015, par Jean Gelbseiden

VECCHIO E GIOVANE

Un vecchio amava un ragazzo. Egli, bimbo
— gatto in vista selvatico — temeva
castighi a occulti pensieri. Ora due
cose nel cuore lasciano un’impronta
dolce : la donna che regola il passo
leggero al tuo la prima volta, e il bimbo
che, al fine tu lo salvi, fiducioso
mette la sua manina nella tua.

Giovinetto tiranno, occhi di cielo,
aperti sopra un abisso, pregava
lunga all’amico suo la ninna nanna.
La ninna nanna era una storia, quale
una rara commossa esperienza
filtrava alla sua ingorda adolescenza :
altro bene, altro male. " Adesso basta—
diceva a un tratto ; — spegniamo, dormiamo ".
E si voltava contro il muro. " T’amo —
dopo un silenzio aggiungeva — tu buono
sempre con me, col tuo bambino. " E subito
sprofondava in un sonno inquieto. Il vecchio,
con gli occhi aperti, non dormiva più.

Oblioso, insensibile, parvenza
d’angelo ancora. Nella tua impazienza,
cuore, non accusarlo. Pensa : È solo ;
ha un compito difficile ; ha la vita
non dietro, ma dinanzi a sé. Tu affretta,
se puoi, tua morte. O non pensarci più.

VIEUX ET JEUNE

Un vieillard aimait un garçon. Lui, enfant
à l’aspect de chat sauvage, craignait
d’être puni pour de secrètes pensées. Or deux
choses laissent au cœur une douce
empreinte : la femme qui, la première fois,
règle son pas léger sur le tien, et l’enfant
qui, confiant, pour que tu le sauves
met dans la tienne sa petite main.

Jeune tyran, regard de ciel,
ouvert sur un abîme, il priait
son ami pour que longue fût la berceuse.
la berceuse était une histoire ; comme
une expérience rare, passionnée,
elle filtrait vers son adolescence avide :
autre bien, autre mal. "Assez maintenant —
disait-il tout à coup — éteignons, dormons.« _ Et il se retournait contre le mur. » Je t’aime —
ajoutait-il après un silence — toi toujours
si bon avec moi, ton enfant. " Et aussitôt
il sombrait dans un sommeil inquiet. Le vieillard,
les yeux ouverts, ne dormait plus.

Oublieux, insensible, image
d’ange encore. Dans ton impatience,
mon cœur, ne l’accuse pas. Pense : il est seul ;
Il a une tâche difficile ; sa vie
n’est pas derrière mais devant lui. Toi, hâte,
si tu le peux, ta mort. Ou n’y pense plus.

Umberto Saba
_

 

Donnez-nous votre sentiment sur ce texte, en cliquant sur ce lien :

Réagir à ce texte

ainsi vous rendrez le site plus interactif par vos contributions, merci d’avance.