Le 30 janvier dernier, l’émission littéraire de Jean Pierre Elkabbach « Bibliothèque Médicis » a mis l’accent sur l’importance de l’Histoire et de la question du passé.
Jérôme Garcin est venu y présenter son livre intitulé « Le Voyant » que publient les Éditions Gallimard. En termes très clairs, l’auteur raconte l’histoire, brève mais extraordinaire, de l’écrivain-résistant Jacques Lusseyran. Il avait déjà, il y a vingt ans, essayé de réhabiliter Jean Prévost dont l’œuvre littéraire avait disparu.

Voilà donc la vie d’un jeune héros devenu aveugle par accident à l’âge de huit ans. De ce drame survenu pendant son enfance, Jacques Lusseyran va faire une chance ; de son handicap, un privilège. Il développe une clairvoyance exceptionnelle et la lumière, finalement, c’est à l’intérieur de lui qu’elle brille.
Élève brillantissime à Montaigne, puis à Louis le Grand, il entre en résistance à dix-sept ans mais, trahi, il est emprisonné à Fresnes où, dans sa cellule, il dit que pour la première fois de sa vie, il découvre l’obscurité !
Arrêté ensuite par la Gestapo, déporté à Buchenwald en janvier 1944, il en revient l’année suivante, mais hélas sans honneur ni reconnaissance, avec, qui plus est — en vertu d’une loi qui va perdurer jusqu’en 1955 empêchant, notamment, les manchots et les aveugles de se présenter aux postes de la fonction publique — impossibilité de passer le concours qui lui ouvrirait les portes de l’enseignement, son rêve.
Alors il part aux États-Unis, où il devient un immense professeur. Il écrira beaucoup, dont « Et la lumière fut », témoignage de sa vie à Buchenwald.
Voilà un livre sur un homme qui ne regarde pas le monde avec les yeux de son corps mais avec ceux de son âme.
Je n’ai d’impatience que de plonger les miens dans cette biographie bouleversante mais sans nul doute lumineuse !