Umberto Saba, le poète du 26 février 2015

Jeudi 26 février 2015, par Jean Gelbseiden

TEATRO DEGLI ARTIGIANELLI

Falce martello e la stella d’ Italia
ornano nuovi la sala. Ma quanto
dolore per quel segno su quel muro !

Entra, sorretto dalle grucce, il Prologo.
Saluta al pugno ; dice sue parole
perché le donne ridano e i fianciulli
che affollano lo povera platea.
Dice, timido ancora, dell’ idea
che gli animi affratella ; chiude : " E adesso
faccio come i tedeschi : mi ritiro ".
Tra un atto e l’altro, alla Cantina, in giro
rosseggia parco ai bicchieri l’amico
dell’uomo, cui rimargina ferite,
gli chiude solchi dolorosi ; alcuno
venuto qui da spaventosi esigli,
si scalda a lui come chi ha freddo al sole.

Questo è il Teatro degli Artigianelli,
quale lo vide il poeta nel mille
novecentoquarantaquatro, un giorno
di Settembre, che a tratti
rombava ancora il cannone, e Firenze
taceva ; assorta nelle sue rovine.

THÉÂTRE DES « ARTIGIANELLI »

Faucille, marteau et l’étoile d’Italie
ornent tout neufs la salle. Mais que de
douleur pour ce signe sur ce mur !

Entre, soutenu par des béquilles, le Prologue.
Il salue du poing ; il parle
pour que rient les femmes et les enfants
qui emplissent le pauvre parterre.
Il parle, timide encore, de l’idée
qui rend les cœurs frères ; il conclut : " Et maintenant
je fais comme les Allemands : je me retire. "
Entre deux actes, à la Buvette, circule
et rougeoie, chiche dans les verres, l’ami
de l’homme dont il cicatrise les plaies,
aplanit les rides de douleur ; quelqu’un
venu d’épouvantables exils,
se réchauffe à lui comme frileux au soleil.

Tel est le Théâtre des « Artigianelli »,
comme le vit le poète en mille
neuf cent quarante-quatre, un jour
de septembre, où par intervalles
grondait encore le canon, et Florence
était muette, absorbée dans ses ruines.

Umberto Saba 1944

 

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