JE MARCHAIS ENTOURÉ DE MONTAGNES HAUTES
JE MARCHAIS ENTOURÉ DE MONTAGNES HAUTES
Je marchais, entouré de montagnes hautes,
Le long de rivières claires, en suivant les vallées…
Et tout ce qui arrêtait mon regard
Ne me parlait que d’une chose :
J’ai été aimé. Aimé, je l’ai été,
Tout le reste est oublié.
Le ciel brillait au-dessus de moi,
Les feuilles murmuraient, les oiseaux chantaient,
Et les nuées se succédaient rapides
Dans un envol joyeux vers l’inconnu…
Tout, alentour, respirait le bonheur,
Mais mon cœur n’en avait que faire.
J’étais porté, porté par une vague,
Vague large comme les vagues de la mer.
Mon âme était remplie d’une paix souveraine,
Dominant joies et peines…
Je ne savais plus ma mesure :
Le monde entier était à moi !
Pourquoi n’être pas mort à cet instant ?
Et pourquoi, tous les deux, avons-nous survécu ?
Les années sont venues, les années ont passé,
Et ne nous ont donné rien
De plus doux ni de plus clair
Que ces journées absurdes et bienheureuses.
novembre 1878