Gilles Simonnet (2)

Lundi 28 juillet 2014, par Jean-Marc Émery

Quand l’Amour et l’amour des mots, indomptable, indompté, se percutent, le ciel de l’aimée exigeante se fait lourd. Au poète de traverser les tempêtes d’amertumes, de braver l’océan de ses songes pour revenir au port, retrouver l’autre sans doute déjà à quai. Les mots, encore eux, pourraient dresser une digue à l’épreuve de ces houles contraires qui menacent les amants par nature incertains. Gilles Simonnet le croit, le prouve en gardant sa plume des brumes trop denses.

TU N’AIMES PAS

Tu n’aimes pas tous ceux qui m’aiment,
Qui volent un coin de mon cœur ;
Tu n’as pour ceux-là que rancœur
Et leurs amitiés sont blasphèmes.

Pas de pardon pour Erato
Que tu dis être ma maîtresse,
Voleuse de temps, de tendresse,
Parce que je l’ai dans la peau.

Mes livres sont enfants obscènes
Parce que conçus hors de toi
Sans même comprendre pourquoi
je les fais avec les Sirènes.

Belle d’argile et de labeur,
Tu ne pardonnes pas mes rêves
Qui te volent nos heures brèves
Au cadran de notre bonheur.

Tu te plains de savoir ma plume
Amoureuse du papier blanc
Et tu la voudrais sur le flanc,
Sous le boisseau ou dans la brume.

Ainsi va notre désaccord.
Cahin-caha, tout nous sépare
Sauf notre amour fidèle et rare
Qui nous ramène au même port.

— Gilles Simonnet

 

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