Aurélia Lassaque, poète du 20 novembre

Mercredi 20 novembre 2013, par Mots Passants

Osez prétendre, à la vue de sa frimousse, que vous n’êtes pas attirés par la poésie…
Rassurez-vous, ce site n’est pas devenu sexiste.
Sensible aussi, surtout — c’est comme vous voulez — à la magie poétique de cette jeune poète, je ne peux m’empêcher de citer cette courte poésie en 4e de couverture du recueil qu’ont fait paraître récemment les Éditions Bruno Doucey :

"La belle se baigne,
la rivière a changé de lit
et contre son corps livré
l’eau noire a sorti ses tambours
pour que chantent les salamandres."

Aurélia Lassaque possède le don d’écriture en langue d’oc et en français, c’est un premier point. Elle possède, deuxième point, le don de nous emmener dans des balades magiques où les mots s’accrochent les uns aux autres, comme maillons d’un collier : lâches assez entre eux pour offrir de la souplesse, proches assez aussi pour faire et donner sens.
Point n’est besoin d’un long préambule, il suffit de se laisser bercer.
À preuve, deux de ses poèmes, tirés du recueil éponyme
« Pour que chantent les salamandres. »


E T’ENTORNES PAS

As pres lo camin del país de nuèch.
Lo desèrt i es de gèl
E las estèlas se languisson.
Obris tos braces e cava,
la posca serà ton pan,
t’abeuraràn nòstras lagremas.
Vai, vai e t’entornes pas.
S’aussisses udolar la pèira,
Es que s’i gravan las letras de ton nom.


ET NE TE RETOURNE PAS

Tu as pris le chemin du pays de nuit.
Le désert y est de gel
et les étoiles s’ennuient.
Ouvre tes bras et creuse,
La poussière sera ton pain,
Tu t’abreuveras de nos larmes.
Va, va ne te retourne pas.
Si tu entends hurler la pierre,
C’est qu’on y grave les lettres de ton nom.


LO TRÒN RONCA

Lo tròn ronca
coma un rire de titan
que talhvira las armas,
escrifa los teissuts,
e desliura los còsses.

Lo brandal es emmascat
per sos quites rebats
dins la juòc dels còsses mesclats.

La luna udola naut dins lo cèl
e son crit se pèrd dins la boca badanta des brasàs.


LE TONNERRE GRONDE

Le tonnerre gronde
comme un rire de titan
qui érode les âmes,
déchire les tissus,
et délivre les corps.

Le grand feu est envoûté
par ses propres reflets
dans le jeu des peaux mêlées.

Haut dans le ciel hurle la lune
et son cri se perd dans la bouche béante du brasier.

Aurélia Lassaque, « Pour que chantent les salamandres », Éditions Bruno Doucey

 

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