SOULÈVEMENT EN FURIE
Une pensée pour mes frères arabes et kurdes en révolte
Face à la citadelle de vos corps affamés
la nostalgie de Bagdad escalade le cœur
et aucun sens n’émerge du passé
à cette heure tardive
sur ce pont triste qui enjambe Paris
Au gré de l’exil
le journal me livre des mots sans pesanteur
La lumière résonne en dehors du livre
comme le regard du condamné qui s’accroche à son corps
et menace son bourreau
J’ai compris tardivement
que votre soulèvement
comme l’incendie
se conjugue avec l’altitude
Alors je ficelle mon rêve devenu flasque
vérifie les verrous de l’exil
et me précipite nu
au creux d’une berge
Je crie aux révoltés :
Ne négligez rien même au nom de l’espoir
car les tyrans arabes
ne connaissent pas la compassion !
Révoltez-vous, camarades !
Ne comblez pas votre vide aujourd’hui
avec l’idéologie désuète de vos aïeux !
Regarde, ma bien-aimée
les tourterelles de l’enfance
nichent dans la falaise des mots
et mon île surgit
à l’annonce de la noyade des dictateurs
J’exhorte les braves
enracine la colère lancée contre vous, assassins
Et maladroitement
j’ancre l’écriture, la pierre et les larmes,
Je dessine l’Euphrate endormi
au pied de la palmeraie en révolte
pour graver sur des tablettes
cette marche en furie hors du temps
Peuples de lointains pays et d’une proche misère
avant que ne s’achève le jour
prenez corps
comme la mémoire d’un assaillant de la Bastille
et malgré l’usure de votre malheur
ne brisez pas l’écorce de l’espoir
Peuples d’ici et d’ailleurs
dans l’infinie courbure de la dune
l’oubli vagabonde
entre l’insouciance des caravanes
et la légende de l’ombre
Peuples d’ici et d’ailleurs
le printemps
Avec vous
court comme un vaste livre ouvert
Peuples de nos cœurs
celui qui acquiert sa liberté
vient à bout de son cauchemar
avec vous, l’infini espoir se relève
par-delà l’éphémère de l’histoire
[Salah Al Hamdani->http://salah-al-hamdani.webnode.fr/]