Miguel de Unamuno, poète du 14 juillet

Dimanche 14 juillet 2013, par Mots Passants

I

"Encore un peu et le monde ne me verra plus,
mais vous, vous me verrez, car je vis
et vous vivrez" — dis-tu — ; et vois : les yeux de la foi
te saisissent au plus secret
de l’âme et par la grâce de l’art, dans la forme
nous te rendons visible. Baguette magique
nous fut le pinceau de don Diego Rodriguez
da Silva Velasquez. Par elle en chair
nous te voyons aujourd’hui. tu es l’Homme éternel
qui fait de nous des hommes nouveaux. Ta mort
est enfantement. Tu volas au ciel pour que vienne
consolateur, à nous l’Esprit Saint,
âme de ton peuple, qui œuvre dans l’art
et ta vision nous porta. Ici incarnée
dans ce verbe silencieux et blanc
qui parle en lignes et couleurs,
mon peuple tragique dit sa foi. C’est l’auto
sacramental suprême, celui qui sur la mort
nous met bien en face de Dieu.

XVI
AGNEAU

Agneau blanc du Seigneur, qui enlèves
les péchés du monde et qui étanches
le sang de Caïn avec celui qui coule
de ton flanc ouvert, la blancheur
de ton corps est mansuétude divine,
résignation, la lumière de l’ardent foyer
de ton cœur fidèle : car tu es le brasier
qui éclaire toute la cité de Dieu.
Sur ton corps déjà engourdi, des larmes
de ta mère la terre ont givré
comme la rosée dans les toisons candides
de l’agneau transi dans la nuit gelée,
comme la rosée dans la toison que mit
Gédéon sur l’aire, demandant à Dieu
des signes dans la lutte pour son peuple.
la toison pour laquelle les argonautes
sillonnèrent les mers lointaines
les plus ténébreuses, tes mains nous la donnent
trempée dans le sang de tes veines,
et c’est une toison d’or véritable
qui ne se dépense ni par aucun voleur
ne peut être dérobé, de l’or pur
de ton sang immaculé, dont est faite
avec le feu d’amour la lumière du soleil !

Miguel de Unamuno

 

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