Gustave Kahn, le poète du 4 mai

Vendredi 4 mai 2012, par Mots Passants

LIED

File à ton rouet, file à ton rouet, file et pleure,
Ou dors au moutier de tes indifférences,
Ou marche somnambule aux nuits des récurrences,
Seule à ton rouet, seule file et pleure.

Sur la route, les cavaliers fringants
Poussent les chevaux envolés dans le vent,
Souriants et chanteurs s’en vont vers les levants
Sur la route ensoleillée les cavaliers fringants.
File à ton rouet, seule à ton rouet, file, et pleure,
Seule à ton rouet, file, crains et pleure.

Et celui dont la tendresse épanouie
souffre au nerfs, aux soucis, à l’ouïe,
Celui-là s’en ira pour consoler ses doutes
Aux refuges semés le long des âpres routes ;
Suspends aux greniers les chanvres rouis.

File à ton rouet, les chansons sont légères,
Les images redisent les gloires des marins,
Les chansons s’évident aux heures plus légères,
Proches du retour sonore des marins.

Et voici, las des autans et des automnes
Au ciel noir des automnes qui tonnent,
Le voici passer qui vient du fond des âges,
Noir et brun, et si triste : et les lents marécages
De ses yeux où demeurent stagnantes les douleurs
S’arrêteront épars sur tes yeux de douleurs.

Seule à ton rouet, file et pleure.
Tes candeurs nubiles s’en iraient au gouffre,
Au gouffre lamé de passé qui souffre
Depuis les temps, les temps, les leurres et les leurres,
File à ton rouet, file et pleure.

Gustave Kahn

 

Donnez-nous votre sentiment sur ce texte, en cliquant sur ce lien :

Réagir à ce texte

ainsi vous rendrez le site plus interactif par vos contributions, merci d’avance.