Lionel Ray, le poète du 6 avril

Vendredi 6 avril 2012, par Mots Passants

Selon les auteurs de la Pléiade : « Ce professeur de lettres rejoint dans un premier temps »l’écriture textuelle« . La phrase et le vers éclatent pour rejoindre des processus novateurs. Mais très vite conscient des limites de ce type d’expérimentation, il entreprend de faire la synthèse entre le lyrisme et une exigence formelle qui prend appui sur une contrainte à chaque livre réinventée... »

(photo : Lionel Ray, aux « voix vives » de Sète en 2010)


LES CHEMINS

Les chemins sont vrais. inconcevables.
La terre donne à voir. il y a l’eau la roue
la soie teinte. la cueillette des taches
sombres et claires. la lumière gèle.

Ce sont chemins échappés. la terre ne manque pas.
effacement des vagues. devenir des pierres.
collines à plumes bleues. tilleuls.
miroirs d’amants d’autrefois. cette buée
du matin jeune sur le cuivre des prés.

Chemins d’abandon (il y avait l’autre
côté du regard et du geste) la vigne
paisible n’était plus la vigne. ni les chevaux
envahis de nuages n’étaient chevaux. il y avait
l’autre côté de juin. je ne sais quel
chemin entre paupières et paumes. une
réponse qu’on interroge. comme une eau lente.
une feuille dans cette eau. un mouvement.
à peine un mouvement. et ce serait comme
si dans l’équilibre des gestes et des voix
les chemins patientaient. chemin des nerfs et
des faims. et chemins de mémoire. Cette
trouée dans l’orage du cœur. cette rivière
qui flambe et qu’on ne reconnaît pas. et la nuit
brouille les traces. et les paroles ne savent pas.

Lionel Ray

 

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