Portrait de Barbara, par Reginald Gray
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LE MAL DE VIVRE
Ça ne prévient pas, ça arrive
Ça vient de loin
Ça s’est traîné de rive en rive
La gueule en coin
Et puis un matin au réveil
C’est presque rien
Mais c’est là, ça vous ensommeille
Au creux des reins
Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu’il faut bien vivre
Vaille que vivre.
On peut le mettre en bandoulière
Ou comme un bijou à la main
Comme une fleur en boutonnière
Ou juste à la pointe du sein.
C’est pas forcément la misère
C’est pas Valmy, c’est pas Verdun
Mais c’est les larmes aux paupières
Au jour qui meurt, au jour qui vient.
Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu’il faut bien vivre
Vaille que vivre.
Qu’on soit de Rome ou d’Amérique
Qu’on soit de Londres ou de Pékin
Qu’on soit d’Égypte ou bien d’Afrique
Ou de la Porte Saint-Martin
On fait tous la même prière
On fait tous le même chemin,
Qu’il est long quand on doit le faire
Avec son mal au creux des reins.
Ils ont beau vouloir nous comprendre
Ceux qui nous viennent les mains nues
Nous ne voulons plus les entendre
On ne peut pas on n’en peut plus.
Alors seule dans le silence
D’une nuit qui n’en finit plus
Voilà que soudain on y pense
À ceux qui n’en sont pas rev’nus.
Du mal de vivre
Leur mal de vivre
Qu’ils devaient vivre
Vaille que vivre
Et sans prévenir ça arrive
Ça vient de loin
Ça s’est prom’né de rive en rive
Le rire en coin
Et puis le matin au réveil
C’est presque rien
Mais c’est là ça vous émerveille
Au creux des reins.
La joie de vivre
la joie de vivre
Oh viens la vivre
Ta joie de vivre.
Barbara