Rose Calou, adhérente de Mots Passants durant trois ans, donne ici, une fois de plus, la preuve que le travail d’écriture donne des résultats, et nous récompense, comme est récompensé le jardinier aux fruits premiers de l’arbre…
« Noces » est un texte qui nous plaît à deux titres : parce qu’il donne exactement le sens de ce poème, les noces d’une femme avec la terre qu’elle découvre dans un émerveillement sincère ; ensuite par sa filiation avec le superbe texte d’Albert Camus, où l’auteur tente de définir les liens que tout humain sent au plus profond de lui-même avec la nature.
NOCES
Le jour de mes épousailles avec la garrigue
J’allais pieds nus parmi les pierres blanches.
Le thym était en fleur et le soleil en feu.
Les grands cades chargés d’huile
Brodaient mes bras de perles rouges.
Je couronnais mon front de chèvrefeuille blond
Et me donnais à mordre aux dents vertes du vent.
Quelle folie me jetait dans ce brasillement ?
Le printemps déchaîné suait sur moi sa sève amère,
M’agenouillait – vertige !- parmi les asphodèles
Ouvrant pour moi un monde fabuleux
De floraisons lilliputiennes.
L’ombre noire de trois pins me recueillit, conquise,
À tout jamais fidèle à cette terre d’épines
Et de parfaite solitude.
— Rose Calou