ON SE REGARDAIT. IL N’Y AVAIT PAS D’HERBE
ON SE REGARDAIT. IL N’Y AVAIT PAS D’HERBE
Quelquefois un cil nous sépare.
C’est une herbe qui peine à verdir
Dans le désert. Tu conduisais la vieille bagnole,
Nous étions ici ou là sur les pistes du Sahel.
Dans le tacot qui tangue
En traversant le desséché des terres.
J’ai fourré des couvertures de survie pour les enfants,
De l’eau. Du savon. Et des adresses.
Quand il n’y a pas d’herbe,
Il faut penser à poursuivre un autre but,
Se garer des crevasses. Des mots. Alors qu’on voulait le jeune vert
Des alexandrins qui se vautrent dans les jeunes crételles élégantes.
Poussière. Terre qui vole, s’ébroue,
Déguerpit sans une plante. Dans la gorge un « H » aspiré
De soif. Tu me regardes. L’herbe te manque au milieu du désert.
Je vois une larme de sel au bord de tes lunettes.
— Nicole Drano Stamberg
LE CHEMIN QUI TOURNE
(extrait)
LE CHEMIN QUI TOURNE
(extrait)
Si le chemin m’éloigne de toi
il m’éloigne de moi-même
D’où vient le chemin qui va plus loin
que son commencement ?
Existe-t-il là où nous ne sommes jamais allés ?
Il s’ouvre à chaque pas
qui ne connaît rien de notre existence.
Quand l’absence n’a que faire
des bonds et des envolées
Nous allons vers lui , toi en dedans
moi dans la matière des mots
Nous parcourons des distances
qui ne remplissent pas le jour.
— Georges Drano