Léopold Sédar Senghor, le poète du 29 janvier

Dimanche 29 janvier 2012, par Mots Passants

Léopold Sédar Senghor, le poète de la Négritude

Joal !
Je me rappelle.
Je me rappelle les signares* à l’ombre verte des vérandas
les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève.
Je me rappelle les fastes du Couchant
où Koumba N’Dofène voulait faire tailler son manteau royal.
Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés
du bruit des querelles, des rhapsodies des griots.
Je me rappelle les voix payennes rythmant le Tantum Ergo
et les processions et les palmes et les arcs de triomphe.
Je me rappelle la danse des filles nubiles
les choeurs de lutte - oh ! la danse finale des jeunes hommes
buste penché élancé, et le pur cri d’amour des femmes—Kor Siga !
Je me rappelle, je me rappelle…
Ma tête rythmant
Quelle marche lasse le long des jours d’Europe où parfois
apparaît un jazz orphelin qui sanglote sanglote sanglote.

* autrefois, mulâtresses vivant maritalement avec un européen.

Léopold Sédar Senghor
Chants d’Ombre (1945, ⓒ Éditions du Seuil)

 

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