Gustave Roud, Le poète du 28 janvier

Samedi 28 janvier 2012, par Mots Passants

Gustave Roud

Au creux de tes paumes blessées, j’ai goûté jadis les grains d’un épi mûr. Ce don plus pur que l’échange des sangs scellait une alliance miséricordieuse. Mais qui peut enchaîner une corps sans poids aux fils de la terre, lier la feuille morte à l’arbre vivant ?
Tu vis, et ces chants que j’ai tentés vers toi retombent, pareils aux sifflantes alouettes refermées. À l’instant même de t’atteindre, ils s’abîment d’un trait sans rouvrir l’aile, dans la souillure des plumes et du sang.
Tu vis cette vraie vie qui est au-delà de toute voix, de toute parole. Pardonne-moi. Reprends jusqu’à mon nom, ce nom que j’ose ici redire une seule fois encore à voix basse, ce dernier charme qui me défendait du silence, mon dernier recours contre une absence plus amère que la mort.

Gustave Roud (Air de la solitude, Poésie/Gallimard.)
La préface est signée, excusez du peu, de Philippe Jaccottet soi-même, ce qui devrait vous inciter à acheter ce recueil (Comme les autres d’ailleurs).

 

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