Poésie du mystère, qui se laisse peu à peu pénétrer comme la terre sous le filet de l’eau, elle a besoin d’être arrosée chaque jour de notre attention et de notre amour. C’est ce qui fait l’attrait de ce très grand poète.
FEU DE PERSONNE
La lumière et la nuit
le plateau de la table avec des citrons doux
dehors est la lumière envahie de corbeaux
dans la chambre, personne
l’homme et la femme sont assis plus beaux qu’aveugles
Puis ce coup de balai, ce coup de bleu
sur les retombées du jardin de personne
mais les insectes vivaces, les chats fantômes
les pas de la musique
la main sur les volutes de la pierre
Les images ne sont le feu de personne
mais vainement sont-elles le don d’un champ d’orties
flambant sous l’oeil du cœur
un pli de la montagne les retire
Quand lui, le cœur, est de pollen, de vent solaire
mêlé à de tendres fumées dans le matin
Là où se dresse le lit ruiné des feuilles
avec les draps de chacun souillés de terre.
— Salah Stétié
(« Fluidité de la mort », chez Fata Morgana)