Jean Sénac « Ni... »

Lundi 13 décembre 2010, par Jean Gelbseiden

« Fils rebelle de Camus »... C’est ainsi que Hamid Nacer Khodja qualifie Jean Sénac.
Fils d’une terre dont la filiation lui était refusée, fils d’un père inconnu, pour ainsi dire sans père, Sénac le poète errant (c’est presque un pléonasme), le poète exilé qui trouve son pays chez les autres hommes, sera poursuivi pour sa différence par ceux qui ne l’admettent pas, peut-être parce qu’ils en auront eu peur...
Poète poignant par son attachement à la vie et à sa terre dont il dira :


"Je parle pour que chacun connaisse mon pays,
je parle pour tous les jeunes du monde,
et je leur dis : Regardez-la, il faut l’aimer notre mère,
cette Algérie droite et frappée dans le soleil."

Nous rendrons hommage à ce poète, fils spirituel qu’il se prétendait être de Camus, dans une soirée très prochaine au Carré Rondelet.
En voici un avant-goüt :


NI...

Ni avec mon sang ni avec mon sperme
Ni avec ma moelle ni avec mes eaux
ni avec la caméra ni avec le stylo
Ni avec les rumeurs de ma mort quotidienne
Ni avec la rage de mes élans
Ni avec le luth brisé sur mes dents
Ni dans le doux rempart oublieux de l’orgasme.
Le corpoème ?
Éclats de pages ! Éclats ! Éclats
De pire
sur la tendresse déchiquetée, miroir
où ma voix fouille en vain ses poubelles d’éclat.

Jean Sénac, Pointe, S. 6 août 1968, 14 h

 

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