Tout est liquide. Le bonheur inouï d’être là, simplement. La conscience que cela ne durera pas m’assaille momentanément. Les émotions jaillissent comme des ondes de choc. L’énergie vitale se transmet par un frémissement, un simple effleurement suffit à me faire trembler. Parfois, c’est si intense que je perds l’équilibre ; je bascule, alors, à demi recroquevillé, les bras et les jambes coincés. La douleur n’existe pas encore.
Il n’y a ni jour ni nuit, seulement les ténèbres de mes yeux clos.
Plus tard, mettre de l’ordre, réfléchir, peut-être.
Il est encore trop tôt pour dire, pour penser.

Savourer encore ces moments délicieux d’avant, ces lieux de tous les possibles imaginés, de tous les possibles attendus et désirés aussi ardemment que la pulsation de cette vie incandescente.
Quelquefois, le souffle lointain d’une vague déferle et l’écho raisonne comme une bulle féconde. Les secousses sont aussi violentes que des tremblements de terre. Je suis en apesanteur, je me laisse aller, il n’y a pas moyen de faire autrement. Accepter, ne pas résister et tout ira bien.
Le son cuivré tinte et m’enveloppe d’une exquise vibration. C’est une danse, je perçois ses mouvements, parfois elle bat la mesure de la pointe de ses pieds. Son corps s’élève, ondule, la houle chaude d’un torrent m’enveloppe, nous sommes à l’unisson. Définitivement… ?
Puis le calme revient doucement, les vagues de décibels meurent lentement et je m’endors.
Elle aime beaucoup Mozart ces temps-ci…Il a le don de la consoler des chagrins de la journée. Je préfère celui-là à bien d’autres. Ma sensibilité me permet de ressentir ce qui est bon pour nous. Puis, je rêve à notre futur.
Quel avenir allons-nous construire ensemble ? Joëlle Saltel

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